jeudi 6 décembre 2018

Qui sème du vent, récolte une tempête

Introït !

Du vent, on en a eu : un "ni droite ni gauche", qui se traduit en fait par 90% de droite et un vague zeste de gauche verdie.
Déjà une longue liste de mesures, libérales au sens économique, voire de droite dure, que ne renierait pas Sarkozy ! Un vrai blizzard !
  • Droit du travail augmentant globalement la précarité, sans contrepartie pour les salariés
  • "Libéralisation" de la SNCF aux dépends des futurs embauchés
  • Suppression des emplois aidés du secteur associatif et des collectivités locales
  • Rognage des APL
  • Rabotage des aides à la personne de toute nature
  • CSG augmentée pour les retraités, blocage des retraites...
  • Aucun coup de pouce pour le SMIC
  • Et péchés originels, bien plus que symboliques, suppression de l'ISF et flat tax pour les revenus du "capital"
  • Sans oublier la transformation du CICE en exemption de cotisations pour les entreprises : sous prétexte de baisser le coût du travail, on regonfle surtout les marges des entreprises, pour le plus grand bénéfice des actionnaires
  • Durcissement sans précédent des lois sur l'immigration
  • Une justice mise encore plus sous pression et sous contrôle
  • Une augmentation scandaleuse et vicieuse des droits d'inscription pour les étudiants étrangers hors CE, aux dépends du rayonnement de la France, bloquant les étudiants modestes à nos portes.
  • Repli progressif et systématisé des services publics de proximité
Pour les mesures de "gauche", difficile d'en trouver. Un peu de vert pour compenser le départ de Hulot : l’allumette des taxes sur le carburant et le "carbone"! L'augmentation touche surtout les particuliers ; pas le transport aérien, par exemple, alors que son impact sur le réchauffement climatique est énorme. Mais tout le monde a bien compris que les recettes serviront essentiellement à compenser les baisses d'impôt consenties aux entreprises et aux plus riches.

Tout cela agrémenté d'un florilège d'expressions hautaines et méprisantes à l'égard des "râleurs", des chômeurs, des seconds de cordée ... 
Mais aussi, comme avec Trump (!), retour des vieilles lunes libérales comme la théorie du "ruissellement" qui imbibe, sans le dire, toutes les mesures prises.

 Caste, classe, de nantis 

Il y a eu récemment une analyse fouillée, faite par la fondation Jean-Jaurès, sur les sympathisants de LREM :
Sans surprise pour qui les côtoie, le noyau des supporters Macroniens, ce sont des cadres plutôt "supérieurs", des professions libérales aisées, très peu touchés par la crise ou l'incertitude économique, essentiellement concentrés dans les métropoles. 
Mais au gouvernement, moins qu'issus de la "société civile", ce sont des rejetons de la technocratie que l'on trouve, en césure totale avec la réalité sociale du "peuple" français.
C'est cette classe sociale, qui se ghettoïse elle-même, qui est aux manettes avec Macron. Ce sont ses intérêts qui priment sur le sort des classes "populaires" et celui des classes moyennes en voie de déclassement, voire de paupérisation.

Gilets jaunes


L'immense mérite du mouvement des gilets jaunes est d'avoir mis à nu cette réalité de classe.
La désespérance accumulée depuis Sarkozy, en passant par Hollande qui a fait le lit de Macron, explique la violence du ressentiment, qui ne peut plus s'exprimer politiquement, ni même syndicalement, de façon efficace. Le couvercle de la marmite était bien fermé, et la pression montait.
On ne peut excuser les débordements violents, mais on peut les comprendre, tant l'exaspération est forte. Qui peut dire si le mouvement des gilets jaunes va se calmer plus ou moins vite ? Le gouvernement et Macron semblent avoir enfin compris que les beaux discours, les belles analyses ne suffisent pas. Pas de trêve possible sans mesure concrète pour améliorer rapidement la situation économique des classes sociales victimes de la politique de ce gouvernement, et de ceux qui l'ont précédé.
Mais quelle que soit l'issue du mouvement, comme comme après 68, les participants en resteront marqués à vie. Une fois la prise de conscience effectuée il n'y a pas de retour en arrière possible ; et la réalité de la politique des élites auto-proclamées, des premiers de cordée, s'est dévoilée. 
Comment cette prise de conscience se traduira-t-elle politiquement ?
Par l'émergence d'un nouveau mouvement ? Mais on peine à l'imaginer aujourd'hui, tant les gilets sont bigarrés.
Par la résurrection des partis de gauche ? Mais on peine à y croire encore.
Le PS serait bien placé, car c'est largement sa base sociale historique qui manifeste.
Encore faudait-il surmonter la parenthèse du Hollandisme encore si prégnante en son sein.

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