vendredi 25 mars 2016

1% El Khomeri ?

La hausse du chômage de février est une mauvaise nouvelle, d'abord pour les chômeurs, mais aussi pour le gouvernement et pour François Hollande. Alors que le chômage s'était pratiquement stabilisé sur un an, à tel point que l'on pouvait parler quasiment d'inflexion de la courbe du chômage, à défaut de décrue
Nul doute que cette baisse va être utilisée par le gouvernement pour essayer de faire passer à l'assemblée la loi El Khomeri, en arguant de l'urgence de la lutte contre le chômage...

Mais plus grand monde n'adhère au discours comme quoi une flexibilité plus grande des CDI permettraient de faire reculer le chômage ou la précarité des emplois.
Rappelons que la flexibilité des CDI ne porte pas seulement sur la facilité plus grande pour licencier mais aussi sur des possibilités de réduire la rémunération des heures supplémentaires, la possibilité de réduire les salaires par accord d'entreprise, une souplesse plus grandes pour le temps partiel... Ceci permettrait aux chefs d'entreprise de proposer plus facilement des CDI, car plus aisés à casser ou moduler et de réduire d'autant  CDD et intérim. C'est ce que l'on essaye de nous faire croire. Mais comment imaginer qu'un CDI même plus souple, pourrait se substituer aux périodes d'emploi de moins de 3 mois ?
Celles-ci représentaient  en 1982 1/3 des embauches en CDD ou intérim, mais déjà en 2011, on était passé à 90% !!!

Il est clair en fait que la loi - telle qu'elle reste écrite aujourd'hui - vise essentiellement à faciliter l'adaptation des emplois dans une entreprise à son volume d'activité. Autrement dit, elle vise à réduire le coût du travail rapporté à la valeur ajoutée, ce qui augmente d'autant la "productivité" du travail. Ce sont les marges de l'entreprise que s'en trouvent augmentées, mais en aucune façon le nombre d'heures travaillées ! Celui-ci dépend essentiellement du carnet de commandes.
A court terme l'effet sera plutôt une diminution du nombre d'emplois en CDI qu'une augmentation.
Le paradoxe apparent, c'est que l'on peut très bien avoir un chômage qui baisse ... avec une masse des salaires qui baissent : c'est ce qui se passe en Allemagne et aux USA. Moins de chômage qu'en France, mais par contre une proportion encore plus élevée de travailleurs pauvres, soit qu'ils enchaînent des emplois précaires, mal payés, et avec peu d'heures, soit qu'ils soient en temps partiel subi. L'uberisation des emplois en est le dernier avatar.

A long terme le discours néo-libéral du gouvernement revient à dire qu'en améliorant la productivité des entreprises par rapport au travail, on permettrait le développement de la production sur les marchés internes et externes. Un jour peut-être ! Sauf qu'en réalité ce qui augmente actuellement ce sont les revenus du capital (dividendes) et c'est la masse totale des salaires qui baisse en relatif.
Mais si l'on raisonne revenus, c'est l'inégalité globale qui s'accroit dans la société, même si celle-ci a semblé marquer une pause quand la fiscalité s'est alourdie sur les classes moyennes et supérieures : en fait tout dépend de la façon dont on la quantifie. Gageons que le rapport entre le centile le plus riche et le niveau moyen des revenus a continué à s'accroître... Mais les statistiques manquent bizarrement.




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